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LA GUERRE

(travail en cours)

Jean-Michel Espitallier

 

**

Anonyme

(Syrie)

 

Les bastonnades

Étaient

Vraiment terribles.

On aurait dit

Qu’ils voulaient

Enfoncer

Des clous dans

De la pierre

Et

Ils n’arrêtaient

Pas.

Je souhaitais juste

Qu’ils me coupent

Les jambes

Plutôt que de

Continuer

À

Endurer

Ces coups.

 

 

 

 

« Elle en a pissé de peur. Quand je l’ai frappée, elle a pissé sur elle. »

 

 

 

 

Diane Evans, infirmière

(Vietnam)

 

Ils m’ont envoyé

Au service des

Grands brûlés

Au 36e hôpital

D’évacuation.

C’était les premières victimes

Du napalm et

Du gaz

Au phosphore blanc.

Une de nos bombes est tombée

Sur un village.

Des civils ont été tués et

Blessés.

C’était la nuit

De Noël,

Une église a été

Détruite.

On nous a amené

Cinquante enfants

Qui étaient

Gravement brûlés.

Beaucoup

Sont morts.

Les autres ont été amenés

Dans notre service.

Je ne m’étais jamais occupé

De ce type

De brûlure

Auparavant.

C’était dur.

Chaotique.

Les gens criaient,

La souffrance était insoutenable.

J’ai pensé :

« Qu’est-ce qu’on fait

Là ? »

 

 

 

 

« Certains avaient bu de l’alcool. Ils utilisaient même des barres de fer. »

 

 

 

 

Anonyme

(Pologne occupée)

 

Le lieutenant Gnade

Nous a obligé

À ramper

Sur le sol

Devant la fosse.

Avant qu’il ne nous ordonne

De ramper,

Il a fallu qu’on se déshabille.

Et pendant que

Ces Juifs complètement

Nus

Se mettaient

À ramper,

Le lieutenant Gnade

A crié

Autour de lui:

« Où sont

Mes sous-offs,

Vous n’avez pas

De bâtons ? »

 

 

 

 

« La peur, ce que ça peut faire, la peur… Vous pouvez rester deux jours sans salive. Vous ne pouvez plus boire tellement vous avez la trouille. »

 

 

 

 

Anonyme

(Ex-Yougoslavie)

 

Il a terminé

Le viol,

Il s’est assis et a allumé

Une cigarette et

M’a dit qu’il pouvait faire

Beaucoup plus que

Cela et que

J’avais à peu près

L’âge

De sa fille et que

Donc,

Pour le moment

Il ne voulait pas

Le faire.

 

 

 

 

« Je me souviens que le premier soir, deux jeunes gens étouffaient. »

 

 

 

 

Omar Abu Halima

(Bande de Gaza)

 

J’ai entendu

Une explosion. On a

Couru dans la rue et

J’ai vu que ça avait touché

Ma maison. On a

Couru à l’étage et là

J’ai trouvé mon père

Et quatre autres personnes

Tous morts.

Abd al-Rhami et mon père avaient

La tête

Arrachée.

On les a

Sortis de là et

On est repartis s’occuper

Des blessés. Il y avait

Beaucoup

De

Fumée

Dans l’escalier.

On est remontés,

Ça sentait

Une odeur très

Particulière, une odeur

Que je n’avais jamais sentie

Avant.

C’était difficile

D’avancer. D’abord

J’ai vu ma mère qui était

Toute brûlée

Et qui était en train

De sortir

De la maison.

On l’a trouvée

Dans l’entrée. Elle nous a dit

D’aller chercher

Mes frères qui étaient

Blessés.

Quand on est rentrés

De nouveau,

On n’y voyait rien à cause

De la fumée,

On avait du mal

À respirer.

Et puis on a trouvé

Ghada, la femme

De mon frère, elle était

En feu, comme

Sa fille, Farah. Il y avait aussi

Mes deux frères qui étaient

Gravement brûlés.

Leurs vêtements avaient

Fondu. Ils étaient

Complètement

Brûlés.

 

 

 

 

« La limite de la fosse, c’est la limite de la végétation. »